Blue Book Legacy raconte la quête de deux frères, Conrad, tout en muscles et légèrement stupide, et Reginald (« R-E-G-I-N-A-L-D et le D final est pas muet », comme il aime à le répéter), l’intellectuel de la famille. Après la mort de leur mère, ils suivent les instructions de sa dernière lettre et se rendent dans un chalet qui se révèle en réalité être le vaisseau spatial de leur père qui était en réalité un extra-terrestre. Faut-il alors révéler la vérité aux humains ? Sont-ils assez évolués pour l’entendre ? Dans cette situation aussi farfelue que jouissive, les dialogues, écrits par Matthieu Meunier, qui assure également la mise en scène, et les comédiens Arnaud Van Parys et Xavier Elsen s’enchaînent du tac au tac malgré quelques hésitations en fin de spectacle, où on constate l’aspect marathonien du spectacle qu’il peut être difficile de tenir jusqu’au bout. L’ensemble du spectacle est caractérisé par sa créativité débordante, et sent bon les souvenirs d’adolescents biberonnés à E.T. et Mars Attacks !
On saluera la véritable performance technique de ce spectacle, dans un dispositif scénique où tout est projeté sur des écrans et un praticable blancs. C’est très fort, non seulement parce que cela permet de passer d’un lieu à un autre, mais aussi parce que la facticité du dispositif est complètement intégrée dans le jeu des comédiens qui s’amusent de cette esthétique « carton-pâte » new age. Les animations et les graphismes sont réalisés avec un savoir-faire impressionnant, évoquant tout un imaginaire entre le jeu vidéo, le CD-ROM d’enfant des années 90 et les séries d’animation télévisées.
Le jeune metteur en scène Matthieu Meunier dirige cette comédie totale, aux gags certes faciles mais empreints d’une réelle énergie impulsée par des comédiens déchaînés qui tiennent le pari coûte que coûte. Le discours sur l’homme et son évolution, d’abord assez profond et intéressant tout en restant comique se perd quelque peu au fur et à mesure pour pouvoir clore l’intrigue : est-ce à cause d’une écriture à partir d’improvisations qui ne parvenait pas à trouver une conclusion ? Mais c’est aussi cette base d’improvisation, perceptible dans le texte, qui laisse aux deux comédiens une grande liberté dans une intrigue où on privilégie le lâcher-prise et l’amusement à la cohérence dramaturgique. Pour le plus grand bonheur des spectateurs.
On retiendra de ce spectacle le beau travail réalisé par la Maxbuster Company, où toute l’équipe (notamment technique) est profondément investie. Si le message concernant l’humanité et son avenir n’est pas la partie la plus réussie, le spectacle se dévoile avant tout comme l’histoire de deux grands enfants, acteurs de leur propre série de science-fiction, transformant le deuil de leurs parents en quête déjantée.
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