Privé ou populaire, la forme du bal est connue pour être un rituel de passage. Il est celui qui transgresse et rassemble au nom du plaisir de danser. Il est aussi la marque des grands chorégraphes comme Marius Petipa ou Pina Bausch. Rien d’étonnant que Mathilde Monnier leur emboîte le pas pour sa première création depuis sa prise de fonction au CND en 2014.
Pourtant El Baile nous emmène plus loin, en 1978 où la Coupe du Monde de football, accueillie et remportée par l’Argentine, sert de prétexte à couper des têtes sous la dictature militaire. Les danseurs invités sur scène ce soir ont entre vingt-quatre et trente-huit ans, ils sont de ceux de l’après, ceux qui doivent construire sur les ruines. Mais ils n’auront pas le droit à la parole, à l’image des personnages de la pièce de Jean-Luc Penchenat, auquel a succédé le film d’Ettore Scola. Alors ils chanteront à capella dans ce « club social » aux allures de salle de sport, pour accompagner leurs corps en lutte contre l’autorité et les violences machistes. Agissant en une communauté, ils sont le rempart vivant contre l’oubli. Ils déconstruisent avec humour la grande Histoire pour y insérer les leurs. Ils sont autant de danses que l’Argentine célèbre : le tango, le malambo, le carnavalito, le pericón… Attention aux éclats, le quatrième mur se brisera quand ils crieront « Basta ! ».
À voir encore et encore mercredi 15 et jeudi 16 novembre au Théâtre National, ainsi que samedi 18/11 à Charleroi Danse.