Plongés d’emblée dans une ambiance musicale , chaleureuse , nous sommes entraînés par cinq comédiens complices dans un parcours sinueux, parfois déconcertant. Certes , il est balisé par les étapes de l’aventure d’Icare , mais sur ce squelette se greffent des interventions très diverses. Les acteurs de plateau interpellent le public , s’expriment en français ou en congolais ( avec des sous - titres efficaces) et illustrent leur culture ou le mythe d’Icare par des chants, des danses , des masques , mais cèdent régulièrement la parole à des témoins , dont ils sont les ambassadeurs. Par le biais de projections , les victimes de viols , de pillages , de massacres nous confient leur tragédie. Parfois , ce sont des choeurs qui rendent compte d’un drame collectif.
On s’habitue rapidement à ces ruptures , à ces changements de ton ou de rythme et on se laisse emporter par l’énergie de ces Africains. Peu importe que le sens de tel ou tel détail nous échappe.
Bien sûr , les acteurs ont été choisis pour leurs qualités artistiques , mais ce n’est pas avant tout leur virtuosité qui emballe le spectateur. C’est bien leur générosité , leur sincérité fervente. Ils animent le plateau en toute simplicité ( décors , accessoires élémentaires et projecteurs basiques ) pour partager avec le public des éléments de leur culture et des drames de leur passé récent. Malgré ces images atroces , "Africare" est réconfortant , car il nous montre des hommes rayonnants , habités par une indestructible joie de vivre. Ce n’est pas une "pièce à messages" mais une très vivifiante leçon d’humanisme.