Antigone

Théâtre | Théâtre Royal des Galeries

Dates
Du 24 octobre au 18 novembre 2012
Horaires
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+32 2 512 04 07

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Antigone

Aujourd’hui où les idéologies perdent leur âme aux quatre coins du monde mais où certains résistent, Antigone retrouve une incroyable actualité. À l’image de notre société, la pièce est ambigüe, Créon est sans illusion sur la politique mais il fait son devoir. Antigone se dresse contre le roi par nécessité, pour gueuler un désespoir, un vide intérieur. Elle défend les lois tacites du devoir moral. Son exemple et son courage, pour désespérés qu’ils soient, sont éternels.
Si Antigone est toujours d’actualité, c’est parce que c’est une résistante sincère et sublime. Animée de sa joie de vivre et d’une volonté de fer, Antigone a parfaitement sa place à l’époque du mouvement des indignés initié par Stéphane Hessel. Antigone, c’est l’histoire d’une jeune fille qui a voulu dire « non ». Cette révolte, basée sur la dignité, est intemporelle.
"Antigone" de Jean Anouilh.
Avec Wendy Piette, Bernard Sens, Benoît Verhaert, Nicolas d’Oultremont, Toni d’Antonio, Kevin Ecobecq, Manon Hanseeuw et Louise Rocco Mise en scène : Fabrice Gardin Décors et costumes : Ronald Beurms.
Représentation en soirée à 20h15 et en matinée à 15h.
Location ouverte de 11h à 18h du mardi au samedi : 02 512 04 07
Entrée : de 11 € à 24 €

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3 Messages

  • Antigone

    Le 30 octobre 2012 à 12:52 par deashelle

    On ressort donc de cette soirée, perplexe, dérangé, ouvert aux terroristes en herbe ?

    Ou penchant vers le respect de la loi ?
    Cette pièce est bouleversante comme son décor, sorte de centrale électrique impressionante, et sa distribution magistrale. Elle reste longtemps à flotter dans l’esprit du spectateur qui n’en finit pas de s’interroger. Le questionnement nuancé, subtil et complexe empêche de prendre parti de façon manichéenne. Il invite tout simplement à la réflexion. D’autres éléments de la mise en scène sont très interpellants. Notamment la mosaïque de films de violence urbaine ou guerrière, les tableaux inoubliables du reporter (Benoît Verhaert) qui va désabusé comme un chœur omniscient et qui filme les scènes avec délectation. De même, le tableau des foules aveugles friandes de sang et de « justice ». Et les misérables gardes auxiliaires de la « justice » … veules à souhait. Tout vous donne la nausée. Alors, tout d’un coup, d’aucuns pencheront pour Antigone !

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  • Antigone

    Le 3 novembre 2012 à 06:02 par tania88

    Par le décor, les jeux de lumière, le choix des musiques, ... on peut dire que la mise en scène était moderne et jeune. J’encourage donc la jeunesse à aller voir cette pièce ! Le jeu des acteurs était excellent. Ce n’est pas la première fois que je vais voir Antigone au théâtre mais c’est la première fois que j’en ai compris certaines subtilités. Contrairement à ce que je pensais avant de m’y rendre, j’ai donc encore découvert cette pièce par certains côtés. J’ai passé un très bon moment de théâtre !

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  • Antigone

    Le 26 novembre 2012 à 08:32 par faucer

    Wendy Piette est remarquable dans le rôle d’Antigone. Dans un premier temps, je me disais..."Pfff, la version d’Anouilh...bof, bof !" Eh bien pas du tout, c’est une vision épurée, certes simplifiée, mais vraiment intéressante. La grande scène entre Créon (Bernard Sens) et Antigone est magnifique. Franchement, merci aux Galeries...Très beau spectacle.

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Jeudi 1er novembre 2012, par Jean Campion

Dans l’impasse commune

Créée en 1944, cette "pièce noire" divisa profondément les spectateurs. Pour certains, Antigone incarnait la résistance à un pouvoir tyrannique, pour d’autres, Créon justifiait la collaboration pétainiste. Anouilh méprisa ces polémiques. A juste titre. Ses héros ne mènent pas un combat politique. C’est sur le terrain philosophique et moral
qu’ils s’opposent. Soif d’idéal contre acceptation des compromissions. Ni Antigone ni Créon n’ont le dernier mot. Une ambiguïté qui rend cette tragédie passionnante et universelle.

Mosaïque d’images rappelant une série de révoltes contemporaines. Elles font écho à la rébellion d’Antigone. A l’issue d’une guerre qui vit s’entretuer ses deux frères, le roi Créon, son oncle, menace de mort quiconque oserait rendre les devoirs funèbres à Polynice, le "mauvais frère". Ulcérée par cette injustice, Antigone brave l’interdiction, en recouvrant le cadavre de terre. Elle aime passionnément la vie, mais son devoir l’oblige à renoncer aux joies et aux illusions de l’enfance.

Créon menait une vie de dilettante, aimant la musique, les belles reliures et les flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes. A la mort d’Oedipe et de ses fils, il s’est retroussé les manches et a dit oui au métier de roi. Une "sale besogne", à laquelle il s’est senti condamné. "Si on ne la fait pas, qui la fera ?" Malgré son caractère renfermé, Créon aime bien sa nièce. Et puis, c’est la fiancée de son fils Hémon. Aussi, quand il la voit menottée au milieu des gardes, il s’empresse de mettre ceux-ci au secret, espérant étouffer l’affaire. Mais comme Antigone est prête à recommencer, il va multiplier les arguments, pour apprivoiser la petite sauvage.

Orchestré avec souplesse par Fabrice Gardin, le duel est incertain, âpre, intense. Bernard Sens incarne un Créon sincère et habile. L’orgueil de la fille d’Oedipe l’exaspère, mais il se domine pour démystifier cyniquement les rites religieux, les discours politiques ainsi que les réputations d’Etéocle et de Polynice. Ebranlée un moment, Antigone se rebiffe contre le "sale espoir". Elle refuse "d’arracher avec ses dents son petit lambeau de bonheur." Son non à la vie prend un autre sens. Wendy Piette vit cette révolte avec une énergie farouche. Habitée par son personnage, elle exprime avec la même justesse, les déchirements, les doutes et les regrets de cette écorchée vive.

Pour illustrer la richesse de Thèbes, qui attise les convoitises, Ronald Beurms l’a immergée dans le fatras des tuyaux d’un complexe pétrochimique. Dans ce décor écrasant, les adieux masqués d’Antigone à ceux qu’elle aime ne suscitent pas l’émotion attendue. Heureusement que l’affrontement majeur de la pièce se déroule dans un cadre dépouillé. Sous les traits d’un paparazzi, Benoît Verhaert joue les rôles du choeur et du messager. Avec un certain détachement, il nous annonce le sort de chaque personnage. Pas de suspense. "C’est propre la tragédie, c’est sûr." Quand le mécanisme est déclenché, rien ne peut l’enrayer. Et lors du dénouement, ce commentateur ne souligne pas l’horreur de l’hécatombe, mais le repos auquel chacun a droit.

Renvoyant dos à dos Antigone, qui ne sait plus pourquoi elle meurt et Créon, qui exerce son métier sans illusions, Anouilh propose une vision pessimiste de la destinée humaine. Cependant, écrite dans une langue directe, chaleureuse, poétique, pimentée parfois par un humour grinçant, sa pièce nous invite à apprécier la vie.

Théâtre Royal des Galeries