Ce soir, au Théâtre des Tanneurs, Dany Boudreault, comédien, fait de l’ordre dans ses souvenirs. Ceux l’amour profond partagé avec Salvatore, avant le départ, ceux qu’il faut laisser partir avec la relation passée. Dès le début, on y croit, l’autobiographie se fond dans la fiction.
Le plateau se construit comme une carte postale ou une boîte à souvenir, comme une journée à la plage qui ne devrait jamais avoir de fin. Il y a des livres cornés, de vieilles photos. L’ambiance kitsch nous plonge dans un monde que nous connaissons tous, cet endroit qui se remobilise par la nostalgie, celui où l’on se sent chez soi. Dans cet espace, c’est le public qui choisit, qui vient faire l’inventaire : ce que l’on laisse, ce qu’on emporte avec soi. Alors, on prend Jean Genet, on laisse les traces d’éclair entre les dents et on se souvient de cette soirée à l’opéra.
La mise en scène efficace, presque sépia, vient interroger ce que nous faisons de la fiction et la façon dont nous, spectateurs, nous nous faisons complice. Dany nous met dans la confidence, joue avec simplicité, rythme et beaucoup de justesse sur cette corde universelle que sont ces relations qui touchent et laissent des traces. Dans cadre familier, nous devenons alors des oreilles attentives dans lesquelles vont se plonger quelques de notes de Lucio Battisto qui nous resteront en tête pour les jours à venir.
Et si le souvenir se créait à partir de ce que l’on en dit ? De ce que l’on choisit d’en faire ? De la trace qu’on vient laisser ?
Dans cette pièce participative qui fait du bien, Salvatore Calcagno a voulu parler d’amour et c’est un pari réussi car dans l’amour, tout est vrai.