All Inclusive

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 14 au 18 décembre 2021
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Les Tanneurs
Rue des Tanneurs, 75 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lestanneurs.be
info@lestanneurs.be
+32 2 512 17 84

Moyenne des spectateurs

star-offstar-offstar-offstar-offstar-off

Nombre de votes: 0

All Inclusive

Le metteur en scène, musicien et plasticien allemand Julian Hetzel – dont la compagnie Ism & Heit est basée depuis plusieurs années à Utrecht –, met en regard l’art et la guerre, les touristes et les réfugié·e·s. Il joue avec le trouble, relie la réalité et l’imaginaire lors d’une visite guidée d’une exposition temporaire dans un espace d’art contemporain à laquelle il a convié un groupe de réfugié·e·s-touristes. Le public est invité à suivre une visite de musée où la réalité riposte sans ménagement. Et si nous pouvions capitaliser l’empathie en invitant des gens à regarder des gens ? Autocritique sur les mécanismes du marché de l’art, All inclusive traite aussi de la création de valeur et des mécanismes qui opèrent en toile de fond de l’art dit « engagé politiquement ».

Distribution

Mise en scène Julian Hetzel
Avec Geert Belpaeme, Kristien De Proost, Edoardo Ripani et des figurant·e·s locaux·les
Dramaturgie Miguel Angel Melgares
Conseil artistique Sodja Lotker
Costumes Anne-Catherine Kunz
Assistance à la production Valentine Galeyn
Technique Korneel Coessens, Piet Depoortere

Laissez nous un avis !

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
    Se connecter
Votre message

Vendredi 17 décembre 2021, par Palmina Di Meo

All Inclusive

Aux frontières de l’art

Le théâtre les Tanneurs poursuit sa programmation de qualité avec la présentation d’une œuvre qui se prête à des lectures multiples, toutes plus dérangeantes les unes que les autres sur la valeur de cette forme d’art contemporain qui s’approprie le corps et la souffrance de victimes de conflits pour les exposer aux yeux de tous.

C’est dans les années 60-70 que l’art de la performance, art éphémère et de dénonciation qui dissocie l’œuvre de l’artiste a trouvé ses premiers théoriciens. On a tous à l’esprit le travail de Marina Abramović sur le body art. Les images diffusées en boucle des avions pirates s’encastrant dans les Twin Towers et les polémiques sur l’esthétique de la violence ont, à leur tour, mis en lumière les liens malsains entre la fictionnalisation marchande des infos et une certaine banalisation de la violence. Où commence l’exploitation du voyeurisme et où finit le devoir d’informer ?
Début décembre, le théâtre les Tanneurs lançait un appel à manifestation d’intérêt : « recherche des personnes ayant vécu un parcours de réfugiés pour participer à un spectacle « All inclusive » du metteur en scène et plasticien allemand Julian Hetzel. » Leur rôle ? Figurer les visiteurs d’une installation sur l’art contemporain. Ils découvriront « Escape » en même temps que le public, un lieu d’exposition où les œuvres d’art sont des espaces performatifs créés à partir de réels vestiges de zones de combat ramenés en Europe par Julian Tetzel : gravas d’immeubles syriens démolis, reproduction d’une statue sumérienne réalisée à partir des images diffusées par les islamistes lors de la destruction des sites archéologiques. Bojan Fuchs, la curatrice de l’exposition, admirablement interprétée par Kristien De Proost, explique que la vidéo de Daech est plus connue que l’œuvre originale, une façon de se réapproprier le patrimoine détruit par Daech n’en déplaise aux islamistes !
Sans parler de « To Dog to God » qui invite les participants à détruire des chiens en faïence dispersés sur le plateau. Chacun choisit celui qu’il préfère pour ensuite le réduire en miettes au marteau.
Crée en 2017 et présenté à la Biennale de théâtre de Venise dans un musée d’art contemporain, « All inclusive » a suscité pas mal de polémiques. C’est que la démarche de Hetzel met en lumière l’exploitation de la destruction par les musées dans un but évident de profit. Hetzel en tant que créateur de certaines œuvres de son spectacle ne s’en cache pas : il fait lui-même partie du processus.
Après une initiation aux maniement des armes, une œuvre originale sera créée par la mise à mise à mort fictive de la curatrice et la réalisation d’une toile en éclaboussures de sang façon Jackson Pollock, toile immédiatement mise aux enchères du public qui est doucement dirigé vers la sortie non sans un détour par le plateau transformé en boutique à souvenirs.
Un spectacle qui détricote l’art sans complexes et ose franchir les tabous. À voir.

Palmina Di Meo

Photo © Julian Hetzel

Théâtre Les Tanneurs