« Jonas dans la baleine, voudrait bien foutre le camp, mais la police,… », errance sophistiquée autour d’une rengaine, « Alaska » innove. Le metteur en scène conduit le public vers des sensations proches de celles du jeune homme qui n’a plus de repères puisqu’il se retrouve dans l’incapacité d’établir une connexion rationnelle entre les tranches de vie qui sont présentées. Les thèmes abordés sont nombreux, la mère de Sébastien, l’origine du monde, le grand-père, la musique, mais le puzzle reste un puzzle.
Ce monde sans mémoire est implicitement comparé aux territoires de neige et de glace, immenses, vierges et froids. La musique occupe une place de choix dans cet univers, Sandra Nazé, chanteuse lyrique, contribue à lui donner une résonnance mystérieuse. Moments acrobatiques plus légers avec Laura Trefiletti, Julien Pierrot et Valentin Pythoud. Structure cubique pour les circassiens, banc, homme préhistorique, cachalots et costumes blancs, l’esthétique simple et soignée appuie l’étrangeté. Pendant que Sébastien Jacobs joue admirablement avec les mots, Véronique Doumont éclaire la scène de sa présence lumineuse.
Avec sa volonté affichée de complexifier, « Alaska » ne plaira peut-être pas aux cartésiens indéfectibles, d’autant que l’absence d’histoire construite empêche le spectateur de s’approprier le récit. Les autres sortiront enchantés de cette promenade en dehors des usages classiques d’une mémoire qui n’est jamais immortelle.
13 Messages