Sur scène, elles se transforment en Alma et Myriam. Parfois infirmières, souvent patientes, patientes aussi, en tant qu’infirmières. Quatre jeunes femmes déambulent donc, alternativement, dans les couloirs hospitaliers. Délicieuses lorsqu’elles adoptent un jeu robotisé pour nous présenter l’hôpital, drôles lorsqu’elles se transforment en répondeur téléphonique, vraies et émouvantes lorsqu’elles deviennent folles.
Le docteur (Henri Monin) impose, sporadiquement, sa présence. Grave et énigmatique, il ajoute une touche inquiétante et décalée à ce huis clos psychiatrique. Le spectacle ne parle pas que de folie. Rencontre, relation, amitié comment qualifier le lien qui se tisse entre le patient et l’infirmière ? Et celui qui rapproche les patients ? L’infirmière, testant les médicaments prescrits à ses patients, ne devient-elle pas l’un d’entre eux ? « Depuis que je prends des médicaments, j’ai l’impression de mieux comprendre l’hôpital ».
Mais la folie est-elle une maladie, ne s’agit-il pas simplement d’autoriser l’imagination à s’exprimer librement ? Est-elle acquise, est-elle innée ? Une avalanche de questions. Jamais de réponses. Fragilité des frontières sémantiques. Comme le disait Lacan « Ne devient pas fou qui veut » : la pièce dégage un parfum de tolérance vis-à-vis de cette altérité, à la fois génératrice de créativité et terriblement lourde à assumer. Un étrange cocktail de fraîcheur et de psychose, une belle réussite pour la première création de ces deux jeunes comédiennes.