"Le Cid" remisé au placard, place à la "pantalonnade métaphysique". Accueillant une cliente, un directeur de garage se lance dans un éloge enflammé de la merveilleuse voiture, qu’elle vient d’acheter. Après plusieurs tentatives, elle parvient à signaler qu’un clignoteur est défectueux. Le garage est déshonoré ! "Nous ne sommes que de petites blattes insignifiantes, de petites boules de merde." se lamente le patron humilié. Autoflagellation, tentative de suicide et puis... revirement. Ces renversements de situation dopent plusieurs sketchs. On rit jaune en voyant une petite vieille subir le baratin écoeurant de vendeurs d’organes et... plus franchement devant leur déconvenue. Une infirmière reçoit un patient, dont le bras coupé saigne abondamment, avec une indifférence risible. L’humour devient encore plus féroce, lorsqu’elle révèle son surnom et sa motivation.
Comme beaucoup d’humoristes, le Panach’ Club prend pour cibles les ronds-de-cuir, mais en assaisonnant la satire d’épices variées. Une fonctionnaire a le temps de faire miroiter, aux yeux d’un malheureux qui a tout raté, les avantages de l’I.V.C.V. (Interruption Volontaire du Cours de la Vie). Mais la journée est finie : il ne pourra en profiter que dans trois jours, week-end et grève obligent. L’administration communale ressemble à un repaire de sorcières. Venue y chercher une pièce d’identité, la pauvre mademoiselle Garce se voit tournée en bourrique par la ricanante madame Croupion et la furibonde madame Rectum. Qu’il soit incompétent, anxieux ou agressif, aucun flic n’est capable d’enregistrer la plainte d’une victime d’un cambriolage. Le couteau ensanglanté à la main, une femme s’accuse du meurtre de son mari et est ahurie par la bienveillance et la candeur du policier. Négligeant l’aveu, il chante son vague à l’âme, soutenu par un ballet endiablé.
Dans ces scènes spectaculaires, les comédiens débordent d’énergie. L’animatrice de "Tout n’est pas rose", parodie cruelle d’un jeu télévisé, combat de plus en plus sèchement une rivale, qui lui fait de l’ombre. Les membres d’un conseil d’entreprise explosif se transforment en naufragés du radeau de la méduse. Et le match, où Victor Hugo et Jésus-Christ, en tenue de boxeur, s’affrontent à coups de citations puis de proverbes, frise l’hystérie. Bien sûr, toutes les saynètes n’ont pas le même impact. Certains effets sont attendus. Comme les dégâts provoqués par l’arrivée d’un prof de gym dynamique dans une maison de retraite. L’on n’est pas surpris non plus, par la satire du langage creux et prétentieux des publicitaires, dont les Inconnus se sont beaucoup moqués.
Quelques coups de mou, balayés par l’humour "mauvais enfant" et la vitalité de comédiens toujours en action. Sur un rythme trépidant, ils font vivre des personnages, changent de costumes, de perruques ou rejoignent l’orchestre, en fond de scène. Son allure tristounette fait songer à une fanfare de l’Armée du salut. A l’aide d’instruments banals ou insolites, ces musiciens soutiennent la représentation par des sonorités lancinantes. Cerise sur le gâteau : un chant de Noël iconoclaste. Cet humour provocant fait mouche, car le Panach’ Club ne se prend pas au sérieux. Autodérision annoncée par le titre alambiqué et confirmée tout au long de ce spectacle désopilant.
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